[Rp] Traquons nos démons

Une clairière dans une sombre forêt. Pas un bruit ne se fait entendre, que le silence d'une obscurité pesante. Soudain, des brindilles crissent. Un genoux en terre, un homme en armure se tient, avec à la main une splendide épée longue, et dans son dos un bouclier blanc et or, tranchant avec l'obscurité ambiante. Plantant son épée dans le sol noir et humide, Lightbringer murmure ces mots:

- Malatis... Malatis... Sur tout ce que j'ai de plus cher et ce que j'ai juré de protéger au péril de ma vie, je jure de te pourchasser, de te traquer, de te détruire, toi et tout ce que tu représente. Les Dieux puissent m'aider...

Se relevant alors avec une vivacité surprenante, Lightbringer s'élance alors en direction du nord, s'enfonçant profondémment dans les ténèbres de la forêt.

Le Seigneur Paladin se déplace à une vitesse prodigieuse, mu par la volonté de vaincre et sa foi toute puissante. Depuis trop longtemps cette créature, ce sombre lui-même le nargue, et cette fois-ci il en est sur. L'Heure est venue. Cette Heure sombre où il devra combattre ses craintes, affronter ce qu'il a toujours haït... Depuis ce triste jour, où il l'a vu tomber, etre frêle et brisé dans ces mains immondes... Sans les Frères pour l'arracher à cette vision, son esprit aurait basculé à jamais dans les abisses du désespoir. Pendant 9 longues années, il est resté cloitré, priant et jeunant, seul et oublié de tous, à l'exeption de ses 29 autres Frères, ses amis dont il a acquis la confiance et le respect.

Mais un jour, lors de l'une de ses promenades quotidiennes, un chant d'une beauté merveilleuse lui parvint. Se cachant vivement sous le couvert des arbres, il vit passer une jeune elfe dont le chant s'élevait aussi clair et limpide que la rosée à l'aube du jour. Le coeur d'Elrohir cessa presque de battre, retrouvant une sensation trop longtemps oubliée. Tombant à genoux, le jeune homme se mit à pleurer doucement, les yeux levés vers le ciel, la lumière du soleil levant venant caresser son visage. Plusieurs heures plus tard, l'elfe ayant disparue, le chant s'étant éteint, il se releva, les yeux à nouveau vifs, emplis d'une volonté renouvelée, et d'un désir de vivre, ou plutot de revivre.

Revenu au monastère, il déclara avoir reçu un signe divin et avoir regagné espoir. Ayant pris congé de ses Frères, Elrohir s'engeagea sur les routes, parcourant le pays, visitant villes et villages, pourchassant le mal lorsqu'il en croisait la route. Il avait alors compris le sens de sa vie... aller à la recherche de son destin.

Et il croisa son destin par une funeste soirée, plusieurs mois après son départ du monastère. Alors qu'il arrivait dans une vallée encaissée, il vit de sombres nuages s'abattre sur la ville blottie entre les montagnes. Un éclair rouge vint alors s'écraser sur les flèches de la cathédrale, réduisant celle-ci en cendres brulantes, des flammes ardentes s'élevant, embrasant les batiments proches, puis la ville entière. De la hauteur ou il se trouvait, le jeune homme pouvait entendre les cris de souffrances des habitants et d'autres hurlements plus bestiaux et féroces, montant dans le crépuscule sanglant comme un hymne à la souffrance et à la destruction.

Le coeur empli de tristesse et de rage, Elrohir empoigna son épée et se mit à courir vers la ville, vers ce brasier infernal. Repoussant les limites de son endurance, puisant au fin fond de son courage, s'aidant de sa foi et de ses souvenirs, il courut, priant ses dieux de venir a son aide et à celle des malheureux dont les cris lui parvenait de plus en plus fort.

Ayant pénétré dans la cité en proie aux flammes et à la destruction, Elrohir s'arrêta soudain, sous le choc, brisé par la vision se déroulant sous ses yeux. Des démons sanguinaires massacraient la population avec un plaisir malsain alors que des malheureux se jettaient du haut des fenetres, les flammes ravageant leurs corps. Alors Les Dieux de la Lumière vinrent en aide au jeune homme. Avec un cri de défi et de haine, il se releva, brandissant son épée à présent nimbée de lumière, et se jeta tel une torche dans les ténèbres, dans une mélée ou seul un miracle pouvait le sauver...

De l'heure qui suivit, Elrohir ne se souviens plus de rien. Si ce n'est que lorsque sa rage s'évanouit, il portait une splendide armure de plate aux reflets noirs et argentés et aux dorures flamboyantes, une épée lourdement ouvragée et un bouclier resplendissant. D'où venait cet équipement, il n'en sait toujours rien... Il se tenait sur une pile de cadavres démoniaques, tous affreusement mutilés. Levant un regard ébahi sur la scene de dévastation s'étendant sous ses yeux, le jeune homme aperçut un être voler depuis la tour enflammée de la cathédrale, et se poser à quelques mètres de lui.

Ses ailes noires aux plumes brulées , son corps musclé aussi sombre que le jais et la lueur maléfique de ses yeux montraient à tous son statut d'archange déchu, hérault de la souffrance, annonciateur de ténèbres et de tourments. Il sentit son coeur s'embraser soudainement, la haine lui brulant les veines d'un feu inoui alors qu'il reconnaissait son nouvel adversaire.

Malatis Darkblade.

Ce nom honnis suffisait à le mettre en un état de rage depuis longtemps oublié, remisé dans un coin de son être. Des images sanglantes lui revinrent aussi fulgurantes que la lame d'un licteur, lacérant son coeur de milles entailles brulantes. Eleana Judicare... Eleana... Sa femme, son amour, celle qui avais été sa compagne de corps, d'esprit, d'âme et de coeur durant deux longues et pourtant si courte années. Il revit son sourire, la lueur de ses yeux, l'odeur de ses cheveux... Eleana...

-Alors, petit humain, toujours en vie à ce que je vois... Te souviens-tu de ce jour... Ce glorieux jours où j'ai capturé, violé, torturé puis évicéré ta jeune et belle compagne?? Ah comme elle hurlait! Un tel régal... une âme si pure...

Les mots pénétrèrent l'esprit du jeune homme et lui transpersèrent le coeur et l'âme comme jamais il n'eut cru possible. Se redressant lentement, serrant son épée à en avoir les doigts blancs, il s'élança avec un hurlement de rage et de juste furie. Les lames tourbillonnaient dans des arcs étincelant, la sainte lame du jeune homme face aux épées mille fois maudites de l'ange noir.

Des étincelles jaillissaient alors que les deux êtres luttaient de toutes leurs forces, combat de corps autant que d'esprit, les pouvoirs lumineux de l'humain contrant les sombres murmures du déchu. Un vol d'acier meutrier rebondissant contre cuirasses et bouclier, entaillant les corps, percant les membres dans une avalanche furieuse et sans retenue aucune.

D'un vaste mouvement, Darkblade fit valser le bouclier béni, blessant profondément le bras d'Elrohir, une gerbe de sang écarlate souillant le sol sacré de la cathédrale où le combat a mené les deux combattants. Levant ses épées jumelles dans un coup fatal et décisif, Malatis se prépara a achever le jeune chevalier, agenouillé sur le sol. Mais alors qu'un halo de lumière nimbait progressivement la silhouette d'Elrohir, le jeune homme leva son épée dans un dernier geste désespéré.

La lame perça la cuirasse d'ébène, entaillant la poitrine de l'archange noir, ressortant dans son dos. Avec un hurlement de dépit et de souffrance, Malatis se rejetta en arrière, envoyant valser l'humain et son épée. Sa substance corporelle semblait s'éffilocher alors qu'il se tenait la blessure de ses mains aux griffes acérées. Alors que les yeux d'Elrohir se troublaient, sa dernière vision fut celle de son adversaire disparaissant progressivement en laissant des lambeaux ténébreux dans l'air...

Quelques minutes plus tard, il reprit lentement ses esprits, ses yeux encore voilés découvrant les alentours comme si tout n'avait été qu'un mauvais rêve. Se relevant péniblement il fit quelques pas vers la lumière du jours, tenant son bras blessé le long de son torse. Saisissant son épée tombée au sol, le paladin se dirigea vers le portique de la cathédrale, murmurant des prières à ses dieux, à qui il devait plus que la vie.

Au dehors, les rares survivants s'étaient attroupés, inquiets de l'issue du combat. Alors parut sur le seuil le vainqueur. Entouré d'un vive halo lumineux il semblait remplir la place par sa seule présence, son aura réconfortant les humains meurtris, leur rendant espoir et paix. Alors de la foule monta un unique cri.

Lightbringer! Lightbringer! Lightbringer!

Levant sa lame en un salut majestueux, le paladin sembla alors briller plus que jamais. A partir de cet instant, la légende du Lightbringer était né...

Depuis lors, Elrohir parcourut le pays, combattant le mal comme jamais il ne l'avais fait. Mais toujours planait au dessus de lui une ombre maléfique, lui murmurant de sombres paroles, cherchant à corrompre et à le dérouté de ses nobles intentions. Le souvenir de l'archange noir semblait le hanter, le doute quand à sa mort réelle lui pesant sur le coeur...

Mais au moment présent, Lightbringer poursuit sa course dans la sombre forêt, sa pensée focalisée sur sa cible. Ainsi pendant de nombreuses journées et nuits, il courrut, traversant monts acérés et mortes plaines sans jamais s'arréter, ne se détournant jamais de sa quete. Les paysages dévastés défilaient, vastes étendues de cendres et de gravats, rivières ensanglantées ou déserts mortuaires. Puisant ses forces dans son amour disparu, dans cet espoir revenu, dans tout ses souvenirs et dans sa foi sans faille, il arriva enfin à l'entrée du royaume présumé de Darkblade.

Sous ses yeux s'étendait une vaste plaine noire parsemée de cadavres blanchis par le vent, signes de la malédiction pesant sur ce lieu. Loin au sud, une ville aux murs de pierre noire et rouge surplombait le paysage. La tour centrale semblait vivante, ondulant sous la magie maléfique y étant enfermée.

Alors Elrohir le Lightbringer s'agenouilla, tirant son épée de son fourreau et la planta dans le sol cendreux. Sa prière monta jusqu'aux cieux dans le silence pesant et malsain, la terre elle meme semblant se révolter sous la magie lumineuse des paroles bénies. Se relevant alors Lightbringer baissa les yeux vers son épée et lui murmura:

"Tu ne sera rengainée que lorsque le sang de Malatis coulera le long de ton acier, ou alors lorsque mon sang abreuvera cette terre maudite..."

Se levant à nouveau dans les tourbillons de sa cape, le paladin descendit la crète sur laquelle il se trouvait. Le chemin escarpé menait jusqu'au contreforts de la montagne, vers cette masse sombre qui défiait l'imagination. De longues heures de courses plus tard, il arriva enfin sous les remparts de cette monstrueuse cité.

Au haut de ces murs, étaient accrochés sur les créneaux acérés les lambeaux de bannières rouges et noires. Il semblait à Elrohir que ces étendards ne lui étaient pas inconnus, comme si leur souvenir ne demandait qu'à ressurgir de sa mémoire. Un souvenir confus, une émotion étrange. Pour la première fois depuis bien longtemps un doute émergea dans l'esprit de l'humain.

Mais se reprenant, il se dirigea vers les énormes portes d'acier noirci. A sa surprise il les trouva entrouvertes, comme si elles avaient attendues sa venue depuis l'aube des temps. Entrant alors prudemment, il pénétra dans la cité. Les rues étaiet désrtes, comme abandonnées. Une poussière rougeatre couvrait le sol, sol que nul pied n'avait foulé depuis de longues années.

Et Elrohir marcha, il marcha le long des batiments à demi détruits, tristes vestiges d'une époque révolue. Ses pas le menèrent à travers les méandres des ruelles, traversant les places vides, où des statues semblaient être les seules présences, hantant les lieux de leur regard vide.

Alors qu'il s'approchait de l'une de ces statues, une Dame en longue robe tenant en ses mains un lourd volume, il eut une vision. Une jeune femme aux cheveux noirs se tenait là, au milieu de la foule, adossée à la statue, le regardant tendrement arriver. Troublé au plus profond de lui même par cette vision, le chevalier continua sa route vers la citadelle. Au détour de chaque rue, des souvenirs lui revenaient, fugitives visions venues de recoins oubliés de sa mémoire. Ici il venait avec ses amis assister aux foires et aux jeux des troubadours, là il assistait aux cours de son ancien maître, ici encore il s'entrainait au maniment de la lame. Mais toujours il revoyait cette jeune femme dans sa robe noire et rouge, ses cheveux sombres, ses beaux yeux et son sourire...

Plus il avançait vers le château, plus les réminiscences se faisaient sombres. Il n'y avait plus de sourires sur les lèvres des passants ni de joie dans leurs yeux, mais de la crainte à son passage. Les badaux s'écartaient de son chemin et baissaient les yeux. Parvenant alors sur le parvis de la cathédrale, il revit un groupe de prètres le toiser avec pitié, le suivant du regard alors qu'il gravissait la pente menant à la haute cour.

Secouant la tête pour chasser ces visions, hanté par la résurgence de ses souvenirs, Elrohir contempla quelques instants la place vide, les maisons aux volets clos. Tout semblait pourtant ordonné, dépourvu de chaos et de débrits épars. La ville avait été abandonnée. Tout simplement. Rien ne subsistait, à part les habitations et la poussière...

Parvenu enfin au pied du chateau, le paladin dû utiliser ses pouvoirs pour briser le sceau magique condamnant les portes. Dans un grincement sinistre, les battants s'ouvrirent, la lumière du dehors s'inflitrant alors. Lightbringer s'avança, ses quelques pas résonnant dans un silence de mort, puis s'arreta brusquement.

Dans le hall d'entrée, sous un épaisse couche de poussière, le chevalier pu apercevoir les multiples ossements reposant là. Le sol était couvert de sang séché, noirci par le temps, alors qu'une odeur putride avait envahie l'air. Une nouvelle vision apparut, celle d'une lame tranchant corps et membres, dans une danse effrénée et mortelle. Alors Lightbringer sentit en son coeur une douleur ignoble ressurgir. Pris d'un doute mortel, il s'élança vers le donjon, découvrant à chaque salle un massacre sans pareil. Parvenu à l'ultime porte menant au sommet de la tour principale, il hésita, des bribes de son passé ressurgissant de plus belle.

Dans un ultime sursaut de volonté, il poussa le battant, son coeur craignant de voir ce qui se trouvait au delà. Fermant les yeux, l'homme franchit le pas de la porte. Une nouvelle vision le tortura, celle de la jeune femme aux cheveux noirs qui l'observait, debout près de l'étendard planté au milieu de la tour. Il ouvrit les yeux sachant d'avance ce qu'il allait voir.

Sous son regard emplit de tristesse et de désespoir, il vit, au pied du mat de métal depuis longtemps dégarni de bannière, un squelette brisé sur lequel tenaient encore des lambeaux d'étoffe rouge et noir.

Elrohir fit quelques pas, chancelant, avant de s'effondrer à genoux, la tête entre les mains et de lourds sanglots ruisselant de son visage. Puis il releva la tête et hurla, montrant son visage ravagé au ciel orageux.

Eleana...
Eleana...
Pourquoi??